Fiche de la bonne pratique

Titre Innovation technologique en matière de collecte/captage (condensation) de l’eau de brouillard pour l’alimentation de l’eau potable, l’abreuvage du cheptel, et l’arrosage des jardins dans une zone marocaine de montagne
Description

Cette pratique innovante, initiée par l’association Dar Si Hmad, consiste en la récolte de l’eau du brouillard aux sommets de montagnes dans la région de Sidi Ifni. Cette innovation a remporté la distinction internationale de l’ONU « Élan des Nations Unies pour le changement climatique », le 28 Septembre à Bonn en Allemagne. Elle a été qualifiée par les Nations Unies du « plus grand système de récolte d’eau de brouillard opérationnel du monde ». Il s’agit de technologie CloudFisher®.

 

Effets directs :

Production de l’eau potable au profit de la population locale, ainsi que de l’eau destinée aux besoins du bétail dans cette zone qui compte 5 villages, deux écoles rurales et une medersa (école coranique)

 

 

Consistance technique :

Mise en place de :

 

  • 600 m2 de filets capteurs (20 unités de 30 m2), voir photos ci-dessous ;
  • Deux (2) citernes de stockage d’une capacité totale de 500 m3
  • Un puits de forage ;
  • 9.000 m linéaires de canalisation ;
  • 20 branchements ménagers
  • Quatre (4) réservoirs et stations de reprise ;
  • Un système de filtration et de désinfection
  • Un observatoire du brouillard, premier du genre au monde.

 

Rendement :

Une quantité moyenne quotidienne d’eau de brouillard récoltée de l’ordre de 6 à 7 m3

 

 

Les filets au sommet de la montagne captent l'eau du brouillard AFP PHOTO / FADEL SENNA

Photo empruntée de la Revue Tel Quel N° 982 DU 28 AU 3 FÉVRIER 2022.

 

La photo suivante illustre les dimensions d’une unité

Schéma de mise en place d'une unité de collecte SFC (Source : Association Dar Si Hmed)

 

 

 

Historique de développement de cette pratique :

 

Cette technique est apparue dans les pays d’Amérique du Sud, en particulier dans les pays montagneux de forte humidité tels que (Bolivie, Pérou et Équatoriens) et cette technologie s’est déplacée au Maroc au début des années 2000 et le Maroc est maintenant le seul pays d’Afrique et du monde arabe qui utilise cette pratique unique en raison de l’humidité très élevée que certaines régions du Maroc ont, en particulier les zones montagneuses ou les zones proches de l’océan Atlantique.

Potentiel d'atténuation

Cette pratique constitue une excellente et innovante mesure d’adaptation au CC et de renforcement de la résilience de populations des zones de montagne. Elle vint combler de manière significative au déficit hydrique.

Potentiel de réplication / mise à l'échelle

Cette bonne pratique a un très grand potentiel de réplication dans des zones de climat similaire et connaissant des épisodes de brouillard avec un grand nombre de jours/an. Rappelons, pour inspiration, que cette pratique des filets de collecte de brouillard a été érigée par l’association Dar Si Hmad au sommet du mont Boutmezguida, (29° 12’ 30” N – 10° 01’ 30” W, 1225 m d’altitude), situé dans la boutonnière des Aït Baamrane, Sud-ouest du Maroc.

 

Pour la réplication, il est recommandé de s’inspirer du processus d’exécution adoptée à Sidi Ifni dont notamment :   

 

  • L’évaluation du potentiel hydrique.
  • Une étude ethnographique des besoins en eaux de la population, de leurs rapports au brouillard et leur mode de vie ;
  • Evaluation par un expert du meilleur site possible d’implantation avec l’accord et la volonté des bénéficiaires (Surfaces et orientation des filets par rapport aux vents dominants sur le terrain le plus propice à la récolte) ;
  • Co-Construction des filets avec l’aide des populations locales ;
  • Détermination d’un « champion » parmi les locaux pour le former à la mise en place, l’entretien et suivi de l’installation.

 

Le type de brouillard est important à considérer. En effet, il existe deux grands types de brouillards :

  • Brouillard littoral (de la mer) : très dense, d’une durée variable selon les zones (elle de 3 jours à Sidi Ifni) , mais ce type de brouillard est très fin et ne peut être capté par le filets. Cela donne à peine deux litres par m2
  • Brouillard des sommets des montagnes, exploité à Sidi Ifni, qui beaucoup moins fin.

 

 

Il semble que les initiateurs de cette bonne pratique, ambitionnent de la développer davantage et d'en doter d’autres régions du Royaume.

Conditionnalités de sa durabilité

Cette pratique est pérenne à condition de :

(i) une mobilisation et adhésion de la population. 

(ii) une application dans une zone à déficit hydrique, de montagne et dotée d’un potentiel important de collecte/captage de l’eau de brouillard. 

(iii) l’entretien et la maintenance.

Informations complémentaires

Pour avoir plus de détail sur le processus d’adaptation de cette pratique (types de filets, vitesse de vent, altitude, etc.) et sur les options d’amélioration du captage des eaux, il est recommandé de visualiser cette vidéo : https://youtu.be/hOFGYrWW3vg?t=110  

 

GIZ. 2019. Catalogue des bonnes pratiques de collecte et de valorisation des eaux pluviales en ligne. La version en ligne du catalogue est disponible à travers le lien : http://agire-maroc.org/DocBiblio/Catalogue-GIZ-BP-CEP.pdf

 

Référence sur la mise à l’échelle de cette pratique :

Mussie Fessehaye, Sabah A. Abdul-Wahab, Michael J. Savage, Thomas Kohler and Selamawit Tesfay

The Potential for Scaling Up a Fog Collection System on the Eastern Escarpment of Eritrea. In Mountain Research and DevelopmentVol. 35, No. 4, Nov 2015

 

https://bioone.org/journals/mountain-research-and-development/volume-35/issue-4/MRD-JOURNAL-D-15-00013.1/The-Potential-for-Scaling-Up-a-Fog-Collection-System-on/10.1659/MRD-JOURNAL-D-15-00013.1.short